Le cinéma italien

Le guépard / Il gattopardo


luchinovisconti1Un film de Luchino Visconti.
Avec Burt Lancaster, Alain Delon, Claudia Cardinale, Serge Reggiani, Mario Girotti...
3h
Palme d'or 1963 - Film culte - Période italienne de Delon - Claudia Cardinale méditerranéenne et sensuelle -
Lors du débarquement de l'armée de Garibaldi à Palerme, le prince Fabrizio Corbera de Salina quitte son domaine avec sa famille, pour son palais de villégiature dans le village de Donnafugata. Comprenant que les jours de la féodalité sont passés, il assure le mariage de son neveu Tancredi avec Angelica, la fille du riche maire libéral de Donnafugata, Don Calogero.
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Le flair cinématographique visuel et organisationnel réussit à mêler subtilement l'intrigue au mélodrame et à la culture italienne. L'excès visuel est remarquable dans les scènes de bataille, les paysages ou encore dans la scène du bal. Visconti filme des personnages représentatifs afin d'incarner un processus historique. Les récits y sont complexes. La couleur, la texture, le décor, la situation géographique et la musique sont autant de détails illusionnistes qui témoignent du post-modernisme italien. Le film est aussi caractéristique du trasformismo. Aussi l'adhésion du personnage de Tancredi magistralement interprété par Alain Delon, si beau et si fin, d'abord à l'armée garibaldienne, à sa cour et à Angelica est-il une des formes du trasformismo. Visconti dépeint une période de changements majeurs : la création de l'Etat italien. Il semble répondre à comment les gens s'accomodent ou non au changement. Le soutien de Tancredi à Garibaldi et le choix de sa fiancée, Angelica, qui n'appartient pas à l'aristocratie, montre bien cette adaptation à un nouvel ordre en pleine évolution, de même que il principe, qui encourage son neveu Tancredi. Néanmoins la longue scène du bal et la scène finale -superbe- montre la décadence de l'aristocratie à travers il principe, représentant d'une génération d'entre-deux qui se cherche, génération mise à mal par la révolution.

L'obsession de la masculinité


La domination violente et le contrôle de l'homme marquent le film italien dans les années 1960-1970. Il est difficile de concevoir un rôle masculin dans lequel la sensibilité et la supériorité morale n'entament pas le modèle patriarcal. L'impuissance sous la forme sexuelle est presque inconcevable, tout comme celle de Mastroianni, modèle moderne de l'amant latin par excellence, dans le Bel Antonio. Si l'impuissance sexuelle est marginalisée, c'est parce qu'elle est la réprésentation réelle de la perte du pouvoir patriarcal. Or on sait combien le pouvoir masculin est glorifié en Italie.
Trois films évoquent cette obsession de la masculinité : ainsi le classique La Dolce Vita de Fellini évoque les doutes et les incertitudes du mâle qui évolue dans une société "décadente" tout en s'y tenant à distance ; Le Bel Antonio de Bolognini dans lequel la féminisation du héros-personnage passe par une passivité accentuée ; et enfin Una Giornata particolare de Ettore Scola qui oppose un clerc homosexuel face à Sophia Loren, figure sensuelle et érotisée du cinéma italien.
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La Dolce Vita


La Dolce Vita sort le 4 février 1960 par un climat italien enfiévré. Frederico Fellini est insulté, on lui crache dessus. Marcello Mastroianni est traité de "lâche"et de "communiste"par ses compatriotes pour avoir incarné ce témoin d'une humanité en perpétuelle agitation, car le Marcello de la Dolce Vita observe de l'extérieur afin de remplir son vide existentiel.
La Femme est le lien entre Marcello et Frederico et le monde de la Dolce Vita.
"Qui es-tu Sylvia ? Tu es tout, tu es tout, mais sais-tu que tu es tout ? Eh ! Everything. Everything. Tu es la première femme du premier jour de la Création. Tu es la mère, la soeur, la maîtresse, l'amie, l'ange, le diable, la terre, le foyer. Ah ! Voilà ce que tu es, le foyer."
L'admiration illimité et apeurée que porte Marcello à la Femme se traduit dans l'accumulation des substantifs et des déterminants. Ce procédé reflète la peur de l'homme d'être englouti. La Femme est une figure maternelle, méditerranéenne, héritière des anciennces civilisations matriarcales.
La Femme est l'élément-clé du film de Fellini. Elle impregne l'oeuvre baroque de toute sa volupté franche. C'est un film "à l'excès", comme en témoigne la tenue "scandaleuse" d'Anita Ekberg.

La Dolce Vita, "c'est une sorte de jungle douce et tranquille, où l'on peut se cacher facilement."
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Monica Vitti


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Monica Vitti est la Muse d'Antonioni, la blonde aux yeux noirs et au regard tragique. Le visage et les gestes incarnent un type moderne du Nord, une grande bouche, une vulnérabilité de ses grands yeux. Elle représente la sophistication de la jeunesse et l'immaturité qui l'empêche de se trouver une place dans la société. Monica Vitti est la marque de l'auteur, la stimulation de l'organe des sens.
Elle incarne la peur du vide dans l'Avventura, la quête vaine du grand Amour dans l'Eclipse. C'est la femme italienne des années 1960, celle de la froideur et de l'élégance.
Dans l'Avventura, les fioritures stylistiques en excès miment le désastre psychologique face à un environnement étranger -l'île. Les brouillards et les brumes sont autant de métaphores de l'incapacité à se voir. L'idéologie sexuelle du film montre la source de malaise considérable dans les identifications brutales et très sexuelles de la femme en tant qu'objet.
L'esthétisme d'Antonioni est un modèle cinématographique désormais dépassé et peut paraître désuet aux yeux du spectateur du XXIe siècle.