Le voyage de M. Crulic

Un film d'animation de Anca Damian.

Avec les voix de Vlad Ivanov et de Sandrine Bonnaire.

Dessin et animation : Dan Panaitescu, Raluca Popa, Roxana Bentu, Tuliu Oltean, Dragos Stefan.

1h13.

Sortie : 12 décembre 2012 en France.

Site internet : http://www.monsieurcrulic.com/

Synopsis

Ce film d'animation raconte l'histoire vraie de Claudiu Crulic, un Roumain de 33 ans, mort dans une prison polonaise à Cracovie, des suites d'une grève de la faim consécutive à une erreur judiciaire.

    Voici les faits, point de départ de la réalisatrice roumaine, relatés en substance dans le communiqué de presse du film :

    Le 11 juillet 2007, un important juge polonais déclare le vol de son portefeuille. Le jour même, deux retraits d'un montant de 500 euros sont faits sur les cartes bancaires contenues dans le portefeuille. Auparavant, une autre accusation de vol avait été retenue contre Claudiu Crulic. Le 10 septembre 2007, il est accusé du vol du 11 juillet. Or, au moment du vol, Crulic est en Italie. Son billet d'autobus ainsi que la liste des passagers confirment son innocence. Crulic est toutefois emprisonné à Cracovie. Il débute alors une grève de la faim demandant "une entrevue avec un fonctionnaire du consulat roumain et un autre avocat que celui qu'on lui avait donné". Le consul roumain répond à Crulic par une lettre dans laquelle il lui conseille de faire confiance à la justice polonaise. 

    Début décembre 2007, sa détention est prolongée de trois mois. L'état de Crulic s'aggrave. Le 11 février 2008, les médecins de la prison décident de procéder à une alimentation forcée au moyen d'une sonde qui s'achève par la perforation de la plèvre. Le tribunal relâche Crulic mais il est trop tard. Il est amené à l'hôpital. Il présente une atrophie musculaire et des tissus, et souffre des suites d'un pneumothorax. Il meurt dans les seize heures.

    Le voyage de M. Crulic, qui oscille entre documentaire et fiction, est le récit saisissant d'un procès absurde et de la déshumanisation d'un être à travers la dégradation de son corps. Malgré la terrible souffrance endurée par le personnage, le film n'est pas pour autant dénué d'humour, bien au contraire. Grâce à la voix off de Crulic qui nous parvient d'outre-tombe, grâce à l'inventivité de l'animation, le voyage du protagoniste se teinte d'ironie. Et notre douleur de spectateur face à celle de Crulic est atténuée par le détachement que ce dernier manifeste en commentant sa propre mort. La légèreté visuelle et verbale permet de mieux dénoncer, certes discrètement, les dérives, la passivité et les absurdités des sociétés civilisées. Édifiant.