Névrose cinéphile



Il est des jours où, assise dans un fauteuil face à un écran pour y chercher la sérénité, j'ai vraiment envie de pousser un cri aussi fort que Janet Leigh dans Psycho. Pourquoi, me demanderez-vous, pourquoi donc ? Mais parce que, mes petits chéris, le spectateur lambda dont la discrétion est remarquable m'irrite fortement. A mon corps défendant, je ne peux ainsi m'empêcher de souffler, de râler comme une vieille qui trépigne d'impatience dans une file d'attente de supermarché quand :

vous mettez trois heures aux bornes parce que vous ne savez pas faire fonctionner la carte bleue tandis que j'ai une carte ugc que je manie avec dextérité.

vous arrivez en retard et passez devant l'écran. 


vous vous asseyez PILE devant ou derrière moi alors que la salle est vide.

vous vous asseyez à côté de moi alors que la salle est toujours aussi vide.


vous plongez vos doigts sales dans les cartons de pop-corn salé ou sucré. Que vous saisissiez délicatement ou non un grain de maïs soufflé, le résultat est le même : un bruissement se dégage, rompant alors toute immersion dans la fiction.

vous machouillez ce même pop-corn. N'avez-vous jamais appris à manger la bouche fermée ?

vous aspirez longuement à la paille votre soda sucré.

assis derrière moi, vous mettez vos pieds sales de chaque côté de MON siège, sur MES accoudoirs.

votre téléphone sonne. 

votre téléphone sonne et vous répondez (!!!). Indignation. 

vous regardez l'heure sur votre smartphone à écran tactile gigantesque.

vous avez des relents de saucisson à l'ail ingurgité le midi même à la cantine du taff.

vous commentez le film.

vous passez devant moi, au moment du générique de fin, de sorte que je ne puisse plus lire les titres de la bande originale.

vous vous levez en plein milieu du film pour sortir de la salle et que vous dérangez tout un rang.

...