Les Vœux de la Présidente


"Mes chers compatriotes,
Mes chers compagnons de route numérique,
Mes chers lecteurs,

Moi, Présidente de la République du Cinéma, fidèle à une belle tradition, je présente à chacune et à chacun d'entre vous tous mes vœux de compassion pour cette nouvelle année qui s'annonce, une fois n'est pas coutume, sous les pires auspices. Ce soir, en choquant avec désespoir ou cynisme votre verre de champagne contre celui de vos amants, de vos amis, vous vous direz : "encore trois ans et demi." Je ne voudrais guère vous attrister en vous rappelant les difficultés réelles du pays dans lequel vous vivez à l'insu de votre plein gré (je vous rappelle que vous avez voté pour François Hollande. Pas moi.)

Ceci étant dit sans langue de bois, l'année 2013 en France aura été un grand cru admirablement produit sur la rive gauche de la bêtise humaine. En effet, 2013 aura été l'année des impôts, de l'alourdissement des droits de succession, de la suppression de la défiscalisation des heures supp', de l'affaire Cahuzac, de l'affaire Léonarda, du mariage et de l'adoption pour tous légalisés sans débat de fond, de la guerre au Mali et en Centrafrique, du Front National, de la quenelle, de l'odieux Dieudonné, de l'accident de Brétigny et de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il en a été de même dans le monde : de l'impuissance internationale dans le désastre syrien aux attentats au marathon de Boston et à la gare de Volgograd, les peuples ont été particulièrement servis cette année. 

Enfin le cinéma compte de grandes disparitions : Valérie Benguigui, Bernadette Lafont, James Gandolfini,  Georges Lautner, Paul Walker, Peter O'Toole nous ont quittés.

Il est temps désormais de nuancer ce noir propos : 2013 aura été une année riche en belles réussites, y compris, j'insiste, en France. Sous le flot des nombreux films nombrilistes médiocres, de petites pépites ont vu le jour : Renoir, Vingt ans d'écart, Jappeloup, Le Passé, Les Beaux Jours, Les Petits Princes, Grand Central, La vie domestique, 9 mois ferme, La Vénus à la fourrure, Les garçons et Guillaume, à table !, Casse-tête chinois, et Suzanne, le tout couronné par une palme d'or française (La vie d'Adèle).

Pour 2014, je ne peux vous souhaiter qu'une seule chose : que vous vous réfugiez au cinéma, quel qu'en soit le prix. Pansez vos désillusions dans la chaude obscurité d'une salle de cinéma et pensez vous en héros. Car il n'y a de vraie que la fiction.