La Chambre Bleue

De la chambre bleue de la passion à la chambre bleue du procès.

Un film de et avec Mathieu Amalric.
Avec Stéphanie Cléau, Léa Drucker, Laurent Poitrenaux.
1h16

Sortie : 14 mai 2014

Film présenté dans la catégorie Un certain regard au Festival de Cannes 2014.

    Je n'ai pas lu le roman éponyme de Georges Simenon dont le film de Mathieu Amalric est l'adaptation. Aussi ne me risquerai-je pas à comparer les deux œuvres. 

    Après Tournée, Mathieu Amalric retourne à la réalisation et compose une oeuvre dont l'image et la durée resserrées accroissent la densité et permettent ainsi à l'œil de la caméra de se concentrer sur les détails. Un regard, un geste, un mot, tout se révèle suspect. Mais les apparences sont-elles si trompeuses ? L'enquête, scandée de retours en arrière, feint de mener à sa résolution en essaimant ça et là des indices pour mieux dérouter le spectateur. Au fond, peu importe de démasquer le coupable. Ce qui compte, c'est l'amour.  

    La Chambre bleue est un film littéraire en ce sens qu'il établit des correspondances : ainsi le bleu des murs de la chambre fait-il écho au bleu de la salle du procès. De même, le rouge, connotant la passion et la violence, apparaît comme un motif récurrent. Une tache de sang et de confiture, une serviette rouge pendue à un balcon, une lumière éclairant les amants adultères, sont autant d'échos distillés dans le film. Ce dernier est également un dialogue avec d'autres œuvres, qui passe par l'intertextualité. Il est agréable de reconnaître par exemple, dans la scène du procès, une couleur stendhalienne : après la sentence prononcée à l'encontre des deux amants, l'amante réaffirme au héros son amour pour lui. Puis, lorsque la lumière du soleil pénètre dans la salle, le héros a enfin la certitude d'être lui-même. Il l'aime. Dès lors, peu importe qu'il soit jugé coupable. 

    Brillant.